Alors qu’au Sénégal, les boulangers comptent arrêter leurs productions pendant 3 jours pour demander l’augmentation du prix réglementé de la baguette de pain, en France, son prix pourrait subir une hausse dans les semaines à venir et préoccupe fortement les consommateurs. Véritable produit symbole, la perception du prix du Pain est-elle bien réelle ou bien un « ressenti » ? Replongeons-nous sur quelques points économiques, historiques et sur des habitudes de consommation.
Le pain a toujours occupé une place centrale sur la table des Français, en revanche, la consommation de la baguette de pain continue de diminuer d’année en année.
H3. Évolution de la consommation du pain en France :
– En 1900 : 900g par jour
– En 1950: 375g par jour
– En 2000 : 153g par jour
– En 2021 : 120g par jour
Cependant, malgré cette baisse de la consommation chez les Français, le prix de la baguette de pain reste une préoccupation.
Le prix du pain a beaucoup évolué depuis 1950. Cependant, en prenant en compte l’inflation et l’évolution des salaires, on constate que le temps de travail nécessaire pour s’acheter une baguette a nettement diminué.
En 1950, le Smig horaire est fixé à 0,78 Fr, la baguette pesait 300g avec un prix de 0,14 Fr, un salarié pouvait donc s’en payer 5,6.
En 1970, le Smic horaire passe à 3,50 Fr, la baguette pèse désormais 250g avec un nouveau prix de 0,57 Fr, il pouvait donc s’en payer 6,1.
Au passage à l’euro, en 2002, le Smic horaire est à 6,83€ et le prix de la baguette est fixé à 6,83€. Il pouvait donc s’en payer 10.
Enfin, en 2021, à l’heure où la baguette vaut désormais 0,90€ avec une hausse du salaire minimum à 10,48€, il peut s’en payer 11,6… soit le double par rapport à 1950 !
En 1959, l’alimentation représentait 34% de nos dépenses, devant l’habillement et le logement. Aujourd’hui, seulement 14% de nos revenus sont consacré à l’alimentation (hors cantine et restaurants). Notre budget a donc été divisé par deux !
A noter qu’aux Etats Unis, les dépenses pour la nourriture représentent 6,4% soit deux fois moins qu’en France… contre plus de 40% dans certains pays en Afrique, Asie…
En effet, d’autres dépensent ont pris du poids dans le budget des ménages (le loyer, les services financiers et assurances, télécoms, abonnements…). Les Français dépensent désormais davantage en logement qu’en nourriture.
Les rendements à l’hectare des agriculteurs Français est le quasi double de ce que l’on voit dans d’autres pays. Cet élément a permis de limiter le cout du Quintal du blé. A cause des incidents climatiques, le blé connaît son prix le plus élevé depuis 2012, la demande ne cesse d’accroître face à des stocks mondiaux très faibles.
Contrairement aux idées reçues, le blé représente 5 à 8% du prix final d’une baguette de pain, c’est quasiment le même pourcentage que les revenus d’un boulanger. On entend sur « Radio pétrin » parler d’une nouvelle hausse des farines à venir.
Il est à noter que d’autres postes comme les ingrédients, les emballages, l’énergie sont également à la hausse, tout comme les charges du personnel (plus de 50% du prix d’une Baguette) … Cette augmentation de notre Baguette se justifie d’autant que son impact (En France) sur le pouvoir d’achat reste comme nous l’avons vu modéré.
Les artisans vont devoir faire preuve de transparence et de communication vis-à-vis de leurs clients pour expliquer cette hausse, la relativiser face à la forte émotion qu’elle suscite… La démarche n’est pas simple et le personnel de vente est souvent peu préparé à cette action.
Un programme de formation à développer sans doute ?